lundi 13 mai 2013

Auteur: Étienne Poirier


1- Comment vous est venue la vocation littéraire?
Le goût de conter des histoires m’a toujours habité. Enfant, j’avais tendance à enjoliver les expériences que je vivais ou, tout simplement, à inventer des histoires pour pimenter le quotidien. Il ne s’agissait pas de mensonges, mais plutôt de fabulations, d’une version toute personnelle de la réalité, de contes. En grandissant, l’écriture s’est jointe à la parole et a fini par occuper une grande place dans ma vie.

2- Quel genre d'adolescent étiez-vous?
J’étais un adolescent ordinaire avec des amis et tout. Je faisais du sport et j’avais un goût prononcé pour les arts, notamment pour l’écriture et le dessin. Mes parents possédaient un chalet dans les hautes Laurentides et, quand nous y allions en famille, j’aimais passer du temps en forêt. Je m’y ressourçais. J’aimais chercher à comprendre ce qui m’entourait et trouver un sens aux choses.

3- Aviez-vous l'appui de vos proches au début de votre carrière?
Je n’ai jamais cherché l’appui de mes proches. Pour moi, la littérature est quelque chose d’intime, de solitaire. Bien sûr, j’aime avoir de la reconnaissance et qu’on me dise que ce que je fais est bon, mais je ne cherche pas cet écho dans mon entourage direct.

4- Quels sont les sujets qui vous inspirent?
J’aime bien les personnages qui sont confrontés à des épreuves importantes de la vie. J’écris d’abord pour émouvoir, pour vivre une expérience humaine et la faire vivre à mes lecteurs. Je pense que lire et écrire sont deux façons d’augmenter notre bagage d’expériences personnelles et d’entrer en contact avec la réalité des autres, bref de devenir plus humains. C’est peut-être pour cette raison que j’aime les personnages âgés et ceux qui sont très jeunes. Disons que les relations intergénérationnelles peuvent représenter une inspiration pour moi. Mais j’aime aussi tout ce qui a trait au rêve, au merveilleux. Pour moi, la ligne qui sépare le merveilleux du réel est très fine.

5- Par quoi commencez-vous, avez-vous une technique de base ou des habitudes d'écriture?
Technique n’est pas un mot approprié à ma façon de faire. Écrire est un mode de vie. Je ne cherche pas de sujets. Ce que je cherche, ce sont des émotions ou des épreuves à explorer. Souvent, ça se présente tout seul et au moment le plus inattendu en étant témoin d’une situation banale (une dispute, un jeu, un objet qui semble avoir été perdu, bref à peu près n’importe quoi!) ou en écoutant les nouvelles. Comme j’ai souvent du papier sur moi, je m’empresse de prendre des notes et de faire un plan grossier de ce que je veux écrire et, surtout, de comment je compte l’écrire. Ensuite, je laisse dormir un peu et je cherche la première phrase. Elle est essentielle, pour moi, la première phrase. C’est celle qui donne le ton à l’ensemble de l’œuvre, du premier jet, du moins. Par la suite, il se peut que je l’enlève au fil des réécritures, mais je la relis souvent pour bâtir la première version du récit.

6- Avez-vous un auteur favori?
En fait, j’en ai deux, qui peuvent paraître à des années lumières l’un de l’autre. Le premier, c’est Gabriel Garcia Marquez, un grand auteur Colombien qui donne dans le réalisme magique (l’expression est de lui). Le second, c’est Hans Christian Anderson, un auteur suédois de contes pour enfants. Je les adore tous les deux pour la façon qu’ils ont de toucher à l’universel en passant par le banal. Vendre des allumettes, élever des poules…

7- Qu'aimeriez-vous changer dans ce travail?
On aimerait tous que le travail qu’on fait soit plus payant, non? J’aimerais bien qu’on puisse reconnaître davantage le travail des écrivains et trouver un moyen de permettre à un plus grand nombre de vivre de leur art, mais je ne sais pas comment ça pourrait se faire.

8- Pouvez-vous écrire même en sachant que ce ne sera pas publié?
Bien sûr! La plupart du temps, je ne me pose des questions à ce sujet qu’une fois une histoire terminée. D'ailleurs  j’écris beaucoup plus que je publie! Il est évident que ça aide à la confiance d’avoir un éditeur qui croit en ce qu’on fait, mais en même temps, je pense que les meilleures histoires sont celles qui s’adressent à elles-mêmes. Écrire, c’est plaisant pour moi quand j’ai la certitude d’écrire un livre que j’aime et qui se tient tout seul. Je n’essaie jamais de l’adresser à quelqu'un, je n’écris pas pour plaire, mais bien pour faire une bonne histoire, même si, une fois publié, j’aimerais bien que ça plaise!

9- Avez-vous un rêve littéraire?
J’ai d’abord un rêve bien personnel : vivre de mon art. Mais je rêve aussi d’écrire un grand livre dont le sujet serait l’Amérique.

10- Quelle est votre prochaine production?
Il y a une légende amérindienne que j’ai réécrite qui devrait être publiée sous peu, mais elle est écrite depuis un temps déjà. En ce moment, je mets la touche finale à un roman qui raconte l’histoire d’un garçon qui passe son enfance dans des camps de réfugiés à cause d’une guerre civile. Je parle de sa réalité, mais surtout des rêves où il se réfugie, des rencontres qu’il fait, bref de comment il survit dans ces conditions. Mais j’ai également une histoire de chasseur de monstres qui attend d’être envoyée à un éditeur. J’aimerais que ça devienne une série, alors je ne l’envoie pas tout de suite. Dès que j’ai fini mon projet actuel (celui des camps de réfugiés), j’écris le deuxième numéro. Ensuite seulement je chercherai un éditeur pour les deux.

Bibliographie

La malédiction de Carcajou, éditions du Soleil de Minuit, coll. Album du crépuscule, Saint-Damien-de-Brandon, 2012, 24 pages.

L'envol du pygargue, éditions du Soleil de minuit, coll. Roman jeunesse, Saint-Damien-de-Brandon, 2009, 308 pages.
Finaliste au prix Québec/Wallonie-Bruxelles de littérature pour la jeunesse 2011
Suggestion de lecture de SDM, Bibliom@nes

La clé de la nuit, éditions du Soleil de minuit, coll. Roman jeunesse, Saint-Damien-de-Brandon, 2008, 224 pages.
Sélectionné par Communication-Jeunesse et Choisirunlivre.com

Anonymes, suivi de l'auteur, la plume, le texte,Université du Québec à Montréal, 2006.

Son histoire commence ici, in XYZ. La revue de la nouvelle, numéro 68, Montréal, hiver 2001;

La bougie, in XYZ. La revue de la nouvelle, numéro 64, Montréal, hiver 2000;

Boléro, in XYZ. La revue de la nouvelle, numéro 62, Montréal, été 2000;

Le chant des sirènes, in Nouvelles fraîches, numéro 13, Montréal, 1999;



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